Poussé par la loi ELAN, qui traite, entre autres sujets, de la transition numérique “en faveur d’un habitat confortable, sobre en carbone et support de service à l’occupant“, le logement déploie des expériences connectées de plus en plus encourageantes. Mais les immeubles d’habitation peinent encore à se digitaliser à grande échelle. Une question s’est alors posée aux Universités d’Eté SB4SC : ce retard pourrait-il se résorber en rassurant les acteurs du logement sur le numérique ?
Au dernier jour des Universités d’Eté SB4SC, le leader du logement social Immobilière 3F présentait son retour d’expérience dans le bâtiment connecté. « Nous avons installé des capteurs de fumée, des détecteurs d’inondation et des compteurs d’énergie connectés, ou encore des boutons “départ” pour éteindre toutes les lumières et baisser le chauffage dans des logements sociaux à Villeneuve-Saint-Georges, précise Maud Collignon, Directrice de la Construction Île-de-France chez Immobilière 3F. En plus, les appartements sont contrôlables par smartphone ou à la voix. » Les locataires sont conquis par la performance de leur bâtiment : les économies réalisées, l’amélioration de la sécurité, l’adaptation de leur logement à leurs besoins, le renforcement du lien social entre voisins… Car le numérique devient une chance quand il aide les habitants dans leur quotidien !
Smart Home et domotique : entre désir et inquiétude
Les conclusions d’une étude menée par Promotelec, affirment que la domotique n’est plus désormais perçue comme un gadget réservé à une élite, mais qu’elle est devenue “désirable”. « Pourtant, une étude britannique parue début septembre 2019 sur la satisfaction des utilisateurs de Smart Home révèle que plus il y a d’objets connectés dans un logement, moins les occupants sont contents de leur appartement, pour des questions de confidentialité des données et de complexité d’utilisation, s’inquiète François-Xavier Jeuland, Président de la Fédération Française de Domotique. Nous avons donc un véritable enjeu de confiance qu’il nous faut résoudre, à différents niveaux. »
Premier niveau : les usagers sont avant tout attachés à la protection de leurs données personnelles. En France, ils peuvent être rassurés par la CNIL qui veille à la sécurité et à la confidentialité des informations, conformément au règlement général sur la protection des données RGPD. Ensuite, les habitants doivent s’assurer de la fiabilité des produits déployés dans leur logement, c’est-à-dire les objets connectés, les logiciels, les systèmes d’exploitation ou les interfaces, les plateformes de services. Idéalement, il faut qu’ils soient normés, pour répondre à un certain nombre d’exigences sur l’utilisation des données, avec un mode de fonctionnement ouvert, sécurisé et interopérable. Une réflexion baptisée “R2S Connect” est d’ailleurs en cours à ce sujet au sein de la SBA.
R2S résidentiel : la garantie confiance du bâtiment
« Un troisième niveau de confiance est lié directement à l’immeuble d’habitation, l’objectif étant de rassurer les bailleurs et les promoteurs sur la qualité et la pérennité de la connectivité, ajoute François-Xavier Jeuland. La SBA a joué ici son rôle d’alliance fédératrice dans le secteur du bâtiment en créant le référentiel R2S résidentiel avec la Fédération Française de Domotique et le Bureau Véritas. Ce label unique définit un cadre pour des logements connectés et communicants, pour qu’ils intègrent, entre autres, des systèmes interopérables, un réseau IP dédié aux équipements connectés du bâtiment et une cybersécurité sans faille. » Dans ce contexte, les bâtiments anciens sont aussi concernés. La SBA réfléchit en effet à proposer une numérisation systématique dans le cadre de la rénovation énergétique des immeubles d’habitation. « Dix ans après le Grenelle de l’environnement qui avait impulsé l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments anciens, on continue de rénover avec des solutions classiques (changer la chaudière, améliorer l’isolation…) alors que le secteur a profondément changé, déplore Christian Rozier, Secrétaire général de la SBA. Nous proposons donc en plus d’intégrer une épine dorsale numérique fiable et structurée à chaque immeuble en réhabilitation, pour augmenter sa performance énergétique et réduire les coûts d’exploitation. Pour nous, c’est un véritable “Big Bang de l’efficacité énergétique dans la rénovation”. »
Des prestataires Smart Home de confiance certifiés
Dernier niveau de confiance indispensable à la digitalisation des logements : les prestataires. Pour une connectivité satisfaisante, en termes de sécurité, du confort, de l’énergie, les promoteurs et bailleurs sociaux vont faire appel à un prestataire pour les conseiller, et installer, sécuriser, configurer un système connecté qui soit vraiment adapté aux besoins de leurs clients. « Nous avons travaillé pendant deux ans avec l’AFNOR pour créer le dispositif “Prestataire Smart Home de confiance”, poursuit François-Xavier Jeuland. Celui-ci permet de distinguer des prestataires, qui apportent des garanties de sérieux et de qualité pour accompagner la filière avec leurs conseils avisés sur les objets connectés du logement, pour installer ce matériel et pour le maintenir dans la durée. »
En un an, une trentaine d’intégrateurs ont été évalués et labellisés par l’AFNOR Certification et une cinquantaine de dossiers sont en cours d’instruction. Ces prestataires expérimentés et formés régulièrement apportent aux promoteurs, aux bailleurs sociaux et aux occupants les conditions nécessaires à une satisfaction optimale… pour que « la confiance numérique s’invite durablement dans le bâtiment et que l’objectif de 100 % de logements neufs connectés dans le collectif soit atteint dès 2021 ! »