Le Smart Building ne transforme pas seulement les usages des occupants. Il transforme aussi profondément les métiers. Certains électriciens deviennent intégrateurs et des métiers qui n’existaient pas encore il y a 5 ans apparaissent. Comment la filière fait-elle face à cette évolution ? La question a été posée à des fédérations professionnelles des installateurs électriques et des domoticiens présentes aux Universités d’Eté SB4SC.
« Je suis impressionné par la vitesse à laquelle le secteur du bâtiment change, confie Emmanuel Gravier, Président de la Fédération Française des entreprises de génie électrique et énergétique (FFIE). Pour nos métiers, ce peut être un risque, notamment pour les petites structures, mais c’est surtout une réelle opportunité d’innover et de se développer. »
Aborder la transition numérique avec sérénité
La FFIE représente 5 000 petites, moyennes et grandes entreprises de l’installation électrique, « mais nous allons évoluer vers les intégrateurs, complète Emmanuel Gravier. C’est une évolution tellement importante que nous allons même changer de nom pour nous appeler la Fédération Française des Intégrateurs Électriciens ! »
Pour aborder la transition numérique avec sérénité, la FFIE accompagne ses adhérents pour les préparer aux technologies de demain, aux énergies renouvelables, aux bornes de recharge électrique, à la miniaturisation des systèmes, à l’interopérabilité… Mobilisée, elle s’est engagée dans une mission de prospective et de vulgarisation, pour que ses adhérents comprennent bien tous les enjeux de cette évolution, qu’ils puissent bénéficier des opportunités offertes par le numérique et qu’aucun d’entre eux ne restent sur le bord du chemin. Elle s’est rapprochée d’autres instances nationales et européennes, dont la SBA, pour collaborer sur l’évolution des métiers. « Nous sensibilisons en premier lieu les dirigeants, indique Emmanuel Gravier, car ce sont eux qui vont entraîner leur entreprise sur la voie des nouvelles technologies pour mettre plus d’intelligence dans les bâtiments, et former leurs personnels. »
Et pour aller encore plus loin plus vite, la FFIE va créer, au sein de son siège parisien, un Lab dédié avec une vingtaine de partenaires, pour afficher ce qu’il est possible de réaliser avec l’installation électrique évolutive. « Cette vitrine technologique nous permettra non seulement de partager nos connaissances avec nos adhérents, mais aussi de montrer aux fabricants de solutions, et aux pouvoirs publics, nos expertises et nos savoir-faire au bénéfice des Smart Buildings et de la Smart City. »
Vers des métiers consacrés au Smart
Pour la Fédération Française de la Domotique, l’analyse vis-à-vis de la transformation des métiers entraînée par l’évolution du bâtiment est la même. Mais en plus, elle embarque tous les métiers du second œuvre (spécialistes du chauffage, de la climatisation, de la ventilation, de la sécurité ou encore de la… menuiserie), qui sont eux aussi acteurs de l’infrastructure Smart.
« Globalement, les nouveaux métiers vont intervenir à trois étapes dans le cycle du Smart Building et dans l’accompagnement de la maîtrise d’ouvrage, précise François-Xavier Jeuland, Président de la FFD. En amont et le plus tôt possible, la première étape consiste à apporter du conseil : est-ce que le Smart a sa place dans ce projet ; si oui, quel niveau de Smart et avec quelles fonctionnalités ? Les réponses viendront du nouveau métier « AMO Smart » (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage Smart). Ensuite, c’est l’intégrateur, qui va être au cœur de l’étude et de l’intégration des équipements Smart au bénéfice du bâtiment connecté. Enfin, une fois que le projet est réceptionné, il convient de réaliser la maintenance, les mises à jour, l’évolutivité sur le long terme du Smart Building. C’est à cette étape que l’on va faire appel à des opérateurs de service, pour s’assurer au fil du temps que ce qui a été mis en place dans le bâtiment fonctionne correctement avec le niveau de performance attendu. »
Accompagner la filière grâce à la formation
Les fédérations travaillent beaucoup avec différents organismes de formation pour accompagner la filière face aux évolutions du secteur, mais aussi avec la SBA. « C’est notre mission de former les professionnels, insiste Patrice de Carné, Délégué général de la SBA. Notre premier challenge a été de produire avec le CNAM un MOOC sur le Smart Building. Face au succès rencontré, nous avons planifié une nouvelle session qui a débuté mi-septembre. Les inscriptions sont toujours possibles sur la plateforme du CNAM. »
Pour aller plus loin, la SBA a monté un groupe de travail pour réfléchir aux compétences à acquérir pour les trois nouveaux métiers “Smart” justement décrits par François-Xavier Jeuland : l’Assistance à la Maîtrise d’Ouvrage Smart, les intégrateurs Smart Building, les opérateurs de services. Dans cette perspective, le groupe de travail s’est rapproché des Syndicats professionnels, du CSTB et des professionnels de la formation, comme l’AFPA, le CNAM, le GRETA ou encore les Compagnons du Devoir. « Notre ambition sera de rassembler tous les acteurs du secteur, pour former des centaines de milliers d’artisans, sur l’interopérabilité notamment, poursuit Patrice de Carné. Déjà, nous avons mis en ligne un site collaboratif pour recueillir les suggestions de tous ceux qui se sentent concernés. » Pour en savoir plus, la publication d’un livre blanc sur les compétences indispensables pour l’avenir de la filière est planifiée pour la fin de l’année 2019.
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