Aujourd’hui, il n’est plus envisageable de sortir un programme immobilier neuf qui ne soit pas ″smart″, estime Pascal Zerates, CEO de Kardham Digital, ESN dédiée aux parcours de l’Humain dans le bâtiment. Selon lui, « un bâtiment est un lieu où se concentrent des flux de personnes et de services. Le ROI sur l’énergétique est quasiment un ″must have″, mais les clients recherchent plus de services autour de l’infrastructure et à améliorer la valeur d’usage pour les occupants ». L’évolution vers les services devient donc inéluctable. Faire du smart building nécessite de déployer des plateformes informatiques évolutives via des prestations de services. On raisonne en termes d’exploitation, de maintenance et de mises à niveau permanentes, tant du point de vue des fonctionnalités que de la sécurité informatique. Or, l’horloge de l’immobilier n’est pas celle de l’informatique et du digital.
Le secteur de l’immobilier s’est bien approprié la notion de bâtiments intelligents. Il se passe sur ce secteur ce qui s’est passé sur le secteur de la cybersécurité. « L’immobilier fait sa révolution digitale. Il ne s’agit pas d’une disruption négative, mais plutôt d’apporter une valeur supplémentaire au bien immobilier grâce à un hub digital ».
Gommer la technique, se focaliser sur les usages
Quand on pense aux baux commerciaux, aux programmes immobiliers, à la construction d’un bâtiment, on s’engage sur plusieurs dizaines années. Le rapprochement du digital et de l’immobilier passe par le service. Ce dernier permet de s’affranchir des différences techniques, d’avoir des contrats de services alignés sur les baux commerciaux et les programmes bâtimentaires. En outre, le service gomme la complexité inhérente aux bâtiments intelligents. Il doit être visible contrairement à la technologie qui doit rester transparente pour l’usager final. Ainsi l’opérateur de services doit s’engager sur des SLA (Service Level Agreements), sur des usages, sur la mise à disposition de fonctionnalités mais pas sur le défi technologique, qui reste un sujet propre à l’opérateur. « Désormais, quand on tire un câble, quand on met des équipements en bout de chaîne pour faire de la transmission, on ne se pose plus la question du type de câble ni des systèmes de commutation. On se préoccupe de l’expérience vécue par l’utilisateur et de ses ressentis ».
L’expérience client au cœur du service
La crise sanitaire a accéléré la digitalisation des espaces de travail et mis en lumière les avantages du smart office et du smart building. Aujourd’hui, les collaborateurs n’évoluent plus seulement dans des open spaces, des flex offices, mais dans des ″ appspaces ″. Ils attendent une expérience utilisateur qualitative et innovante. Il s’agit aussi de piloter la sécurité physique du bâtiment, son efficacité énergétique en récupérant par exemple des données d’analyse de l’air via différents capteurs. Les opérateurs doivent donc disposer d’actifs logiciels permettant de monter des solutions appropriées.
Fluidifier la communication pour améliorer la Qualité de Vie au Travail (QVT)
Pour Pascal Zerates,, la QVT doit être le graal : « Il faut l’enrichir en continu, en ajoutant ou en enlevant des fonctionnalités et contenus sur les plateformes car ces dernières évoluent fortement avec le temps. Mais en conservant les mêmes contrats de service, pour être aligné sur le contrat de la partie bâtimentaire ». Pour répondre à ces enjeux, il estime qu’une certaine sobriété numérique est nécessaire afin d’utiliser le digital à bon escient : « En tant qu’opérateur de services digitaux, Kardham se concentre sur le fondamental : l’humain, qu’il soit visiteur ou occupant sur les différents métiers. Internet est le 4e fluide du bâtiment et tout l’intérêt du digital réside dans la fluidification de la communication. Nous restons focalisés sur la valeur d’usage. Par exemple, quand nous déployons des plateformes de réservation de réunions, nous disposons, en plus des écrans, des luminaires connectés moins énergivores qui indiquent le statut d’occupation ».
Kardham Digital propose systématiquement une cyber protection préventive et curative de ses plateformes, tout en laissant au client la liberté d’y adhérer ou pas. Toutes ces notions sont intégrées dans la gestion du bâtiment, qui dispose de son propre système d’information. « Au même titre qu’il existe des DSI, il y aura peut-être un jour des Directeurs de SI bâtimentaires, des DSIB en quelque sorte » conclut Pascal Zerates.