S’il est convaincu qu’il faut numériser le bâtiment pour progresser dans l’immobilier, François Desgardin, secrétaire général chez Nexity Entreprises, regrette qu’un chef d’orchestre numérique n’existe pas encore. Un ″super opérateur″ qui superviserait tous les services du bâtiment, mais aussi du quartier et de la ville. L’évolution est en marche et la France dispose de tous les moyens nécessaires pour créer un modèle. Interview.
« Quand on évoque les smart buildings, il ne faut pas uniquement penser à l’échelle du bâtiment, affirme François Desgardin. Pour qu’il soit performant, il faut en effet qu’il soit interconnecté aux autres immeubles de son quartier. Prenons l’exemple des parkings sous les bâtiments à Paris. Pour une gestion efficace des places de stationnement, il conviendrait de connecter tous les parkings et de les faire communiquer. Mais une question se pose alors : à qui appartiennent les sous-sols parisiens ? Qui est responsable ? La réponse doit être arbitrée collectivement, à l’échelle de la ville. »
Tous les acteurs autour de la table pour une stratégie commune
François Desgardin imagine que la réflexion puisse être intégrée dans une stratégie globale de la voirie urbaine et qu’elle s’étende à d’autres services, l’énergie par exemple. Dans le cas des parkings souterrains, la collecte et le traitement des données permettraient ainsi de gérer à la fois les places de stationnement et les bornes de recharge pour tous types de véhicules, voitures, vélos et trottinettes. « Mettons ensemble autour de la table promoteurs, aménageurs, pouvoirs publics et tous les acteurs du bâtiment et de la ville pour prendre les bonnes décisions, propose-t-il. On l’a déjà fait et cela a très bien fonctionné, comme le démontre l’exemple du village olympique à Paris. »
Un opérateur de services à l’échelle de la ville
Pour que l’ensemble fonctionne parfaitement, un chef d’orchestre doit accompagner ces aménagements, qu’il s’agisse de la mobilité, de l’énergie, de l’eau, de la propreté… Pour François Desgardin, cet opérateur dépend de préférence du public, parce que toutes les data vont passer par lui. « Utilisons les jeux de données existants provenant du cadastre, des fournisseurs d’énergie, de l’Open Data des villes (météo, trafic, chantiers…) et rendons les accessibles. » Dans cette perspective, les villes peuvent mettre en place des SEMOP (Sociétés d’Economie Mixte à Opération unique) fruits d’un partenariat public/privé. La ville de Paris a ainsi confié la gestion de ses 27 000 places de stationnement à SAEMES et ses commerces de proximité à la SEMAEST. La ville pourra également confier cette gestion des différents réseaux à des opérateurs privés, à l’instar de Nexity.
Une mission qui se rapproche du property management
« Depuis 10 ans déjà, notre président Alain Dinin est convaincu que Nexity doit diversifier ses activités dans le domaine des services, rapporte François Desgardin. Nous avons donc investi dans des entreprises du numérique, comme Intent Technologies ou Bionatics, pour renforcer notre mission de property management, d’optimisation de gestion de patrimoine, auprès de nos clients. » Nexity apporte ainsi une nouvelle façon de fournir les services dans les immeubles et les villes grâce à ces partenariats. Intent est une plateforme logicielle qui fait parler entre elles toutes les parties prenantes et les équipements, pour centraliser et organiser les données. Elle permet de superviser en temps réel un patrimoine immobilier ou un territoire. Bionatics développe une plateforme d’ingénierie 3D pour étudier des projets urbains et piloter des programmes de développement de territoires.
La question de la gestion de l’identité numérique
Mais quand on est un opérateur privé, la question de la gestion de l’identité numérique reste entière. « C’est aussi un sujet brûlant sur lequel nous travaillons, conclut François Desgardin. Le problème est en effet d’affecter des droits à ces services que nous fournissons. Qui peut entrer dans l’immeuble par exemple ? Qui peut charger sa voiture ?… Nous savons déjà traiter ce sujet lié à la sécurité et à l’identité numérique dans nos immeuble grâce à un QR Code, capable de gérer un droit d’accès éphémère, et notre solution digitale Flex Access. » Alors pourquoi pas à l’échelle d’une ville ?