Spécialiste des financements de projets immobiliers innovants, Valentine de Lajarte compte parmi les pionniers de la SBA qui ont permis à l’alliance de se développer au service du futur de la ville. Après avoir exercé la fonction de trésorière de la SBA pendant plusieurs années, Valentine de Lajarte a été élue Vice-présidente en charge du pilier Smart City à l’issue du conseil d’administration qui s’est tenu mi-décembre 2021. Dans cette interview découvrez son portrait, ses convictions et ses projets dans le cadre de sa nouvelle mission.
Qui êtes-vous, Valentine de Lajarte ?
Valentine de Lajarte – Depuis des années, je m’occupe de financements immobiliers, d’abord au sein de banques spécialisées et du Groupe Crédit Foncier, puis dans mes entreprises, Acofine et Partager la Ville. C’est d’ailleurs dans le cadre de mes activités professionnelles que j’ai connu la SBA au milieu des années 2010, à… Montréal, au Canada. Je participais à une convention sur la smart city et j’ai assisté à une présentation particulièrement intéressante, qui affichait le logo de la SBA. À mon retour en France, j’ai consulté la documentation récupérée au congrès et une nouvelle fois, j’ai repéré la SBA. Je me suis renseignée, son indépendance de pensée m’a paru intéressante et ses convictions m’ont convaincue.
J’ai rejoint l’alliance en 2016 et, depuis, j’apprécie la richesse des rencontres entre acteurs du bâtiment et de la ville. Je me suis rapidement engagée en tant que présidente de la commission ″Valorisation des actifs″, dont l’objectif était de chercher à qualifier et quantifier la valeur des innovations dans l’immobilier. Je suis devenue administratrice de la SBA puis trésorière en 2019. Ma nomination en tant que Vice-présidente Smart City représente une étape importante qui signifie de nouveaux challenges à relever. J’ai l’ambition de mettre en œuvre un accompagnement des collectivités, pour qu’elles puissent développer efficacement le concept de smart city sur leur territoire.
Précisément, quels défis voulez-vous relever ?
VdL – À mon sens, la SBA a un vrai rôle à jouer dans le déploiement des smart cities en France et à l’international. Comme je viens de le dire, c’est un sujet dont les villes et les territoires doivent s’emparer. Dans cette perspective, il convient de changer de vision pour être plus efficace. Avant tout, arrêtons de parler de ville intelligente. C’est selon moi une mauvaise traduction. Je préfère parler d’une ville intelligible, pour qu’elle soit comprise par tous. C’est une ville capable de restituer davantage ses données pour fournir des services de mobilité, de renforcement de lien social, de sobriété écologique, de sécurité ou encore de santé, mieux adaptés. Ensuite, la notion de smart city doit bouger, passer d’une gestion de stocks (c’est-à-dire une gestion des mètres carrés), à une gestion de flux (flux de données, flux de citoyens, flux de mobilité…) évoluant en fonction du temps. En changeant ainsi de registre, nous pourrons affiner les services urbains et les rendre plus dynamiques. Le sujet est riche, mais complexe, et c’est pour cela qu’il est important d’aider les collectivités.
Comment allez-vous accompagner ces collectivités concrètement ?
VdL – Nous avons déjà de nombreux projets pour développer cet accompagnement, et certains d’entre eux sont déjà mis en œuvre.
Le 12 janvier, nous lancions les grands entretiens du Smart Aménagement, qui donnent la parole à des collectivités, des aménageurs, des exploitants de services urbains pour partager leurs retours d’expérience sur leurs initiatives et inspirer ainsi d’autres collectivités.
Nous sommes par ailleurs en train de transposer les avancées de la commission « territoire numérique » sur les jumeaux numériques pour passer à l’échelle de la ville. Nous allons emprunter les acquis réalisés au niveau des bâtiments dans ce domaine. Notre objectif sera ensuite de mettre à la disposition ce nouveau concept aux villes qui le souhaitent.
Nous allons également organiser des ″learning expeditions″, en d’autres termes des visites de smart cities exemplaires. Nous devrions commencer à Lyon, et l’une de ces expéditions au moins se déroulera à l’étranger. La SBA est en effet de plus en plus présente hors France, en Italie, en Espagne, en Belgique… C’est important car la transition numérique n’est pas exclusivement française, elle est internationale.
Nous avons le projet de croiser ces différentes expériences pour produire un livre blanc en fin d’année. L’idée ne sera pas de fournir une recette miracle de la smart city, mais bien de transmettre des bonnes pratiques, des retours d’expériences et une méthodologie pour aider les acteurs publics à exploiter les ressources qui existent ailleurs et de s’en inspirer.
En tant que Vice-présidente Smart City, quelles sont vos ambitions pour la SBA ?
VdL – J’aimerais que la SBA conserve sa mission associative, qu’elle soit un hub d’échanges en mode wiki collaboratif, où chacun a la possibilité d’apporter sa pierre à l’édifice. Tout cela est très complexe et je pense sincèrement que la solution se trouve dans le partage des expériences. Tout le monde a sa place dans cette organisation, du grand groupe énergéticien au citoyen, en passant par la start-up, l’acteur public et l’artisan électricien.
Prenons un exemple, celui de la santé numérique, sur lequel nous avons beaucoup appris lors de la crise sanitaire, parce qu’il y avait urgence. Sans Doctolib et sa capacité à prendre les rendez-vous de vaccination, la politique publique n’aurait pas pu s’appliquer dans la continuité. Sans le datascientist Guillaume Rozier, à l’origine du site CovidTracker, l’État, les journalistes, les citoyens n’auraient pas eu à leur disposition un suivi précis de l’épidémie en France. Chacun doit participer là où il est le plus agile.
Pour l’environnement, il y a aussi urgence et la ville est un facteur déterminant. Mobilisons-nous, partageons nos expériences et nos expertises, travaillons ensemble. Chacun est le bienvenu et c’est cette richesse que nous produirons conjointement qui nous fera progresser, pour arriver à une ville intelligible par et pour tous.