Non, l’eau n’est pas une ressource infinie. Elle est en revanche vitale. Considérant que le bâtiment en est l’un des principaux consommateurs, la SBA a lancé  la commission Smart Water, un nouveau groupe de travail destiné à trouver un modèle pérenne pour mieux gérer l’eau et l’économiser. Entretien avec Khaled Al Mezayen, co-fondateur et directeur général de la start-up InovaYa, et Alexandre Etienne, président du collectif bâtiment sanitaire au sein du syndicat professionnel EVOLIS Symop, né en 2019 de la fusion entre Cisma et Profluid, qui animent ensemble la commission.

« L’eau est trop souvent considérée comme une utilité sans valeur, regrette Khaled Al Mezayen. Sur Terre pourtant, deux zones – l’une au Pakistan, l’autre dans le Golfe Persique – sont déjà considérées comme totalement inhabitables par le GIEC, en raison de l’évaporation de l’eau de mer liée à l’augmentation des températures dans ces régions. Cela dépasse les prévisions les plus alarmistes, puisque les climatologues avaient prévu cette situation en 2050. Pas avant ! »

Vers une utilisation plus pérenne de l’eau dans l’immobilier

La France n’est pas épargnée et déjà en mars, des territoires entiers souffrent de la sécheresse. « Nous pensons qu‘une utilisation plus pérenne de l’eau dans les bâtiments, dans les quartiers et dans la ville peut avoir un réel impact » souligne Alexandre Etienne. Il convient, dans cet objectif, d’avoir une meilleure connaissance de l’utilisation de l’eau. Quelques chiffres suffisent pour mesurer l’étendue du problème. Les fuites dans les canalisations représentent 80 % de la surconsommation d’eau. Les douches et les chasses d’eau utilisent 50 % de l’eau potable, alors que de l’eau propre suffirait.

« Des pays ont déjà mis en place des réglementations face à cette situation qui se dégrade. La Belgique contraint ainsi d’installer des récupérateurs d’eau dans les quartiers. Et pourquoi ne pas exiger des capteurs de fuites d’eau ? »

Alexandre Etienne

L’opportunité de disposer d’outils numériques pour détecter, suivre et piloter

Initiée en décembre 2021, la commission Smart Water ambitionne de faire évoluer la réglementation, qui exige de l’eau potable pour tous les usages de l’eau dans le bâtiment. « Dans cette perspective, nous allons exploiter l’intelligence du smart building pour une gestion plus vertueuse de l’eau, comme dans le cas de l’énergie par exemple, décrit Khaled Al Mezayen. Pour s’assurer de la faisabilité, nous prévoyons de réaliser un bâtiment démonstrateur, truffé de détecteurs de fuites, doté d’un système de suivi des données de consommations et équipé d’un dispositif local de traitement de l’eau. Nous voulons créer une prise de conscience et prouver que les occupants de l’immeuble peuvent utiliser différents réseaux d’eau propre, d’eau potable…, suivre les usages, sans risque. » Ce démonstrateur servira de base pour élaborer un cadre référentiel pour l’eau, en s’appuyant sur l’infrastructure numérique du bâtiment. La démarche et les bonnes pratiques ainsi établies seront partagées avec les collectivités, les industriels, les associations, l’ADEME…

Le financement et les acteurs pour la mise en place du démonstrateur

Mais avant cela, la commission Smart Water travaille sur le financement de ce démonstrateur et une recherche de fonds. Ses membres ont aussi amorcé une réflexion sur les acteurs possibles pour cette expérimentation. Des collectivités participent au groupe de travail et certaines sont déjà partantes pour fournir un site pour le démonstrateur. Des industriels, des syndicats professionnels, des organismes de contrôles nous ont également rejoints. Alors que l’eau a toujours été oubliée dans le bâtiment, le sujet est pris très au sérieux et la SBA a un vrai rôle à jouer, parce qu’il convient d’agir à grande échelle.   

« C’est l’intérêt et la force de la Smart Buildings Alliance, qui permet d’intervenir aussi bien auprès des utilisateurs, des fabricants de solutions, que des collectivités, avec des experts de toutes disciplines. Nous pourrons ainsi créer un changement réel dans les process et les usages, et enfin considérer la gestion de l’eau à sa juste valeur. »

Khaled Al Mezayen

 

 

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