En mutation, notre société est confrontée à des défis tant sur le plan démographique, environnemental, sanitaire, économique, identitaire qu’éthique. Face à ces enjeux, il apparaît que les villes doivent, à plus ou moins court terme, se réinventer, repenser leur urbanisme. Dans ce contexte, comment les aménageurs et les promoteurs pensent-ils nos bâtiments et nos villes? En quoi le numérique aide-t-il dans la concrétisation de ces projets ? Lors de la plénière “Construire la ville sur la ville” du SBT Summit 2021, François Desgardin, secrétaire général chez Nexity Entreprises, 1er acteur de l’immobilier en France, nous confiait sa vision. Extraits.
Le rôle des aménageurs et des promoteurs dans la 3ème révolution urbaine
Lorsque l’on construit la ville, que ce soit en zone dense ou en zone péri urbaine, en tant que plateforme de services immobilier, nous ne pouvons pas nous substituer à la puissance publique. Nous restons humbles face à la population, aux enjeux climatiques, locaux et économiques. Le décisionnaire, c’est le représentant élu par les citoyens. Il est l’urbaniste territorial. Notre responsabilité est par contre d’apporter de nouvelles solutions pour l’aider à penser la ville de demain, de nouvelles technologies et d’aider à favoriser l’information et le dialogue avec les citoyens. Sur ces 3 aspects le numérique peut nous aider.
Le numérique est l’une des clés pour répondre aux enjeux et évolutions de la ville
Nexity tente, avec sa plateforme de services (Nexity Villes et Projets et Nexity foncier conseil), d’apporter des outils qui complètent nos méthodes et permettent de proposer des retours d’expérience aux élus.
Le numérique nous permet d’avoir recours à des plateformes technologiques et d’échanger sur l’impact de nos actions au niveau des populations et de l’écologie (hydrométrie, sol, faune et flore…). La capacité de gérer de la data en temps réel permettra à terme de répondre aux incidents. Le chemin est encore long mais les cas d’usages sont nombreux.
Pour mieux contribuer à la construction de la ville, nous avons développé deux outils (Natura City et Bionatics) qui, grâce à la data disponible (qualité de l’air, perméabilité des sols…), nous aident à prendre en compte la dimension végétale dans l’ensemble de nos futures productions. Ainsi, une grande partie de nos projets sont pensés et développés à l’aide des méthodes CIM (City Information Modeling) et BIM (Building Information Modeling). Pour accompagner la vie du bâtiment, nous utilisons INTENT Technologies solution de Building Operating System (BOS) qui monitorent la data des bâtiments en temps réel.
De manière plus générale, le fonctionnement du bâtiment en lui-même doit également être revu. Nous devons élaborer des constructions plus sobres, moins énergivores. Et là encore, le numérique va nous aider. Contrairement à ce que l’on pourrait penser !
Nous venons, par exemple, d’ériger un immeuble, que l’on appelle ″Evidence″, qui ne dispose d’aucune production d’énergie. Sa conception lui permet de fonctionner de manière totalement autonome, grâce à la présence d’un cerveau numérique. Ainsi, quelle que soit la période de l’année, le bâtiment dispose d’une chaleur correcte sans avoir recours à une énergie tierce.
Comment l’État pourrait-il soutenir les promoteurs dans cette démarche ?
Pour progresser, il faut que l’on puisse échanger nos données La puissance publique doit s’emparer du sujet pour organiser la diffusion et la bonne gestion des datas. L’État pourrait, par exemple, nommer un préfet en charge de la mise en œuvre des formats de logiciels de types API, partagés entre les acteurs publics, l’échelon central de l’État, le ministère de l’Intérieur et enfin, les représentants des professionnels. Au même titre que CHORUS pour le traitement des factures.
S’il reste encore beaucoup de chose à faire, je suis convaincu qu’en travaillant main dans la main, aménageurs, promoteurs, puissance publique et politiques, pourront faire émerger de nouveaux services pour les villes.