LA RÉNOVATION NUMÉRIQUE – EPISODE 1
Le plan de relance du gouvernement, chiffré à 100 milliards d’euros, s’oriente autour de trois axes majeurs : la transition écologique, la compétitivité des entreprises et la cohésion sociale et territoriale. Près de 7 milliards d’euros sont notamment alloués à la rénovation énergétique des bâtiments, dont 4 milliards pour le parc public et 2 milliards pour les ménages. Espérons que l’objectif dépasse la simple isolation des bâtiments et qu’il prévoie un aménagement numérique des villes.
Point de vue d’Emmanuel François, Président de la SBA, et début d’une série d’interviews qui recensent divers avis de la filière sur la rénovation du bâtiment.
À l’écoute de l’annonce du plan « France Relance » par Jean Castex, on comprend que l’isolation des bâtiments est prioritaire pour le gouvernement. C’est évidemment une nécessité quand l’on sait que les bâtiments représentent 43 % des consommations d’énergie et que 17 % des logements en France sont considérés comme des passoires thermiques. Sur le plan économique, lancer une démarche d’isolation massive a, en plus, du sens, puisque ce secteur est susceptible de créer 93 000 emplois en 10 ans.
Un plan de relance qui doit prendre la mesure des enjeux du 21ème siècle
Avec le plan de relance, l’État ambitionne en outre de devenir la première économie décarbonée européenne d’ici 2050 ! « Le gouvernement aurait donc tout à gagner en innovant et en se plaçant dans le contexte du 21ème siècle, déclare Emmanuel François. Ce qu’il ne fait pas avec ce plan de relance. Plus que jamais, il doit prendre en compte les enjeux du numérique dans le bâtiment et la ville. »
Se questionner sur la pertinence de la rénovation des logements existants
Les immeubles de logement datent pour la plupart des années 1960 à 1970. L’isolation phonique est quasi-inexistante. Ils sont souvent localisés à proximité de voies rapides bruyantes et polluantes. Pire : 40 % des logements sociaux ont été construits en zone inondable. « Dans ces conditions, interrogeons-nous sur la pertinence d’engager des investissements et de rénover lourdement un parc d’habitats collectifs, qui n’est plus adapté aux exigences récentes, souligne Emmanuel François. Ne serait-il pas plus judicieux de détruire certains de ces bâtiments, pour les reconstruire avec les normes et les usages actuels, près des zones d’activité. Le bénéfice serait a minima triple, avec moins de consommation énergétique, plus de travail pour les occupants de ces logements collectifs et moins de transport. »
Construire les logements sociaux de demain adaptés aux usages
Pour la SBA, ces nouveaux bâtiments devront répondre aux nouveaux usages des habitants et leur apporter des services numériques, avec des données qui restent évidemment au niveau du bâtiment sans entrer dans la sphère publique. « Nous avons constaté durant le confinement que la fracture numérique était aussi pénalisante pour les foyers que la précarité énergétique, rappelle Emmanuel François. Parallèlement, nous avons pu mesurer les atouts du numérique pour soutenir l’activité des entreprises. Nous sommes donc convaincus que ces habitants doivent bénéficier d’un réseau informatique, de la même manière qu’ils profitent des réseaux d’eau, de gaz et d’électricité. » Ce réseau est indispensable non seulement pour piloter les consommations énergétiques de leur logement, mais aussi pour garantir la sécurité, assurer l’assistance aux personnes, apporter le confort et le bien-être, gérer la mobilité, ou encore véhiculer l’information.
Imaginer un plan d’aménagement numérique des bâtiments et des quartiers
Dans cette perspective, la SBA préconise de déployer un plan d’aménagement numérique des bâtiments et des quartiers, compatible avec le plan de rénovation énergétique du gouvernement. Il conviendra aussi de développer de nouvelles expertises et de nouveaux métiers pour créer une infrastructure ouverte, sûre et fiable de collecte et de traitement des données. « Avant de concevoir ce plan et de le proposer au gouvernement, confie Emmanuel François, nous avons convié une dizaine de contributeurs, pour qu’ils soumettent leur point de vue sur le sujet, du cabinet conseil pour la transition énergétique urbaine au promoteur, en passant par des aménageurs, que nous relaieront sur le Blog de la SBA. À suivre… ».