Olivier Sellès : La flexibilité énergétique est essentielle pour répondre efficacement aux fluctuations de la demande et de l’offre d’énergie. En pratique, cela signifie ajuster la consommation d’énergie des bâtiments en fonction des disponibilités du réseau et des prix de l’énergie. Cette capacité d’adaptation est cruciale, surtout maintenant que nous faisons face aux défis majeurs du changement climatique et de la nécessité de réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. D’ailleurs, la transition vers des sources d’énergie renouvelables, qui sont par nature intermittentes, exige des bâtiments et des villes qu’ils soient plus intelligents et plus réactifs. En modulant notre consommation, nous pouvons non seulement économiser de l’énergie mais aussi contribuer à stabiliser le réseau, condition sine qua non pour intégrer de manière efficace les énergies renouvelables.
Quel rôle joue la Smart Buildings Alliance (SBA) dans la mise en œuvre de la flexibilité énergétique ?
La SBA agit comme un catalyseur et un facilitateur dans l’écosystème de la construction et de l’immobilier pour promouvoir la flexibilité énergétique. Nous rassemblons des acteurs de tous les horizons – architectes, ingénieurs, gestionnaires de bâtiments, fournisseurs d’énergie, et même des résidents – pour collaborer sur des solutions qui permettent une gestion plus dynamique de l’énergie. Par le biais de nos cadres de référence comme le R2S, nous définissons des pratiques standardisées pour la mise en œuvre de la technologie smart dans les bâtiments, assurant ainsi que l’interopérabilité et la gouvernance soient au cœur des projets de smart building. Cela permet aux bâtiments non seulement de communiquer efficacement entre eux et avec le réseau, mais aussi d’adapter leur consommation d’énergie en temps réel en réponse aux signaux du marché ou du réseau.
Comment la SBA adresse-t-elle les défis liés à l’interopérabilité et à la gouvernance dans le cadre de la flexibilité énergétique ?
L’interopérabilité et la gouvernance sont au centre de nos efforts car elles sont essentielles pour réaliser une véritable flexibilité énergétique. L’interopérabilité dans les bâtiments smart implique que les différents systèmes et appareils peuvent communiquer entre eux ainsi qu’avec le réseau, en utilisant des protocoles communs. Cela va au-delà de la simple connexion des objets connectés ; il s’agit de créer un écosystème où les données et les services sont échangés de manière fluide et sécurisée. Et en ce qui concerne la gouvernance, nous travaillons à impliquer tous les acteurs dès le début des projets pour s’assurer qu’ils comprennent et acceptent les objectifs de réduction de la consommation énergétique à certains moments de la journée, comme par exemple le matin ou le soir et au contraire décalent certains usages l’après-midi au moment où l’énergie solaire est abondante. Cela inclut la mise en place de contrats et d’accords qui clarifient les rôles et les responsabilités, garantissant ainsi que chaque partie prenante soit engagée et que les objectifs de flexibilité soient atteints.
Face aux défis climatiques et énergétiques, quel avenir voyez-vous pour la flexibilité énergétique dans l’urbanisme et la construction ?
L’avenir de la flexibilité énergétique est très prometteur. Elle est au cœur de la transition vers des villes plus intelligentes et plus durables. À mesure que les technologies progressent, nous verrons des bâtiments non seulement capables de gérer leur propre consommation énergétique de manière plus autonome, mais aussi de participer activement à la gestion du réseau énergétique global. Imaginez des bâtiments qui non seulement consomment de l’énergie, mais qui peuvent également en produire et la stocker, devenant ainsi de véritables acteurs du réseau énergétique. Cela transformera nos villes en écosystèmes énergétiques intégrés où chaque composant joue un rôle actif dans l’optimisation de l’énergie. C’est une vision passionnante, et la SBA est déterminée à être à l’avant-garde de cette transformation.”