Membre engagé à la SBA depuis 10 ans, Alain Kergoat a été pendant quasiment toute cette période Directeur des Programmes de l’association. Aujourd’hui, celui qui se qualifie avec humour comme un “Digital Native” et un “Building Immigrant”, a décidé de se consacrer pleinement à son cabinet de conseil Urban Practices, tout en restant membre actif au sein de l’alliance. L’occasion de recueillir sa vision sur la transformation de l’immobilier en cours et sur la contribution de la SBA dans cette mutation.

 

« Vous ne le savez sans doute pas, raconte-t-il, mais la SBA a servi de catalyseur à la création d’Urban Practices. » Au printemps 2015 à Lyon, une poignée de membres de l’association avait été conviée à un déjeuner de travail . De ce moment d’échanges, est né le projet d’un cabinet de conseil spécialisé pour mettre en œuvre les thématiques portées par la SBA : interopérabilité des systèmes, impact du numérique sur la transformation du bâtiment, notion d’efficacité énergétique… « On ne se connaissait pas encore tous très bien et on avait identifié à l’époque qu’il n’existait pas de cabinet spécialisé sur ces sujets. Notre ambition était d’accompagner les donneurs d’ordre sur les grands projets tertiaires et urbains, les bailleurs sociaux et les collectivités sur les systèmes d’informations patrimoniales, ainsi que les territoires, en particulier sur les quartiers durables. » Depuis, du chemin a été parcouru puisque la SBA a lancé en février 2023 une commission internationale dédiée à l’AMO Smart (digital advisory), un nouveau métier pour décoder l’ADN du bâtiment intelligent et tirer parti de toute la puissance du numérique dans les projets immobiliers.

 

Un regard objectif sur l’écosystème bâtimentaire

Après son implication forte dans les travaux de la SBA et dans la construction de certains cadres de référence, son attachement aux sujets de terrain et sa prise de recul lui permettent de regarder les contributions de l’alliance avec un œil nouveau et « objectivement, la SBA a beaucoup apporté au secteur de l’immobilier. Il suffit d’échanger avec des acteurs du bâtiment à l’étranger pour qu’ils nous disent que c’est une vraie chance d’avoir un outil en France comme la SBA, qui a su cristalliser un écosystème et une dynamique collective en faveur du numérique dans le bâtiment. » 

Pour Alain Kergoat, la SBA a permis de prendre conscience de la nécessité du numérique dans l’immobilier, pour améliorer l’efficacité énergétique et apporter des services aux occupants et exploitants. C’était loin d’être une évidence il y a 10 ans. Et, surtout, l’une des principales avancées de la SBA est la création du cadre de référence R2S. « C’est, pour moi, la pierre angulaire qui a scellé le ciment de l’alliance. Plusieurs déclinaisons ont suivi, notamment R2S 4 care, inédit dans le secteur de la santé. Le groupe de travail à l’origine de ce référentiel a su s’en emparer et le mettre au service du bâtiment hospitalier et de tous ses usagers, qu’ils soient soignants ou patients. C’est une belle réussite ! À mon sens, d’autres déclinaisons ont également de belles perspectives de déploiement, comme R2S 4 Grids pour l’énergie. C’est un référentiel d’experts très complet, conçu avec un peu d’avance sur son temps. Pourtant, plus que jamais aujourd’hui, R2S 4 Grids est prêt à exprimer son potentiel à l’heure de la sobriété énergétique, en fiabilisant l’analyse des données énergétiques et la flexibilité des bâtiments. »

 

L’introduction de nouveaux concepts

La SBA a également introduit de nouveaux concepts comme le BOS (Building Operating System), l’OS du bâtiment. « Cette notion de BOS a été portée par plusieurs acteurs de la SBA en France et aujourd’hui, la France est leader sur le sujet dans le monde. L’alliance ne s’est pas contenté de faire éclore le concept, elle a aussi produit un livre blanc sur le BOS, afin de partager avec toute la filière ses connaissances, de proposer une définition commune, et de le placer le BOS comme un socle technique fondamental à la gestion des données dans les bâtiments. » Ce livre blanc a reçu un bon accueil dans l’écosystème immobilier, comme les ouvrages sur l’intelligence artificielle ou encore la cybersécurisation des bâtiments tertiaires.

 

Le temps de la concrétisation

Aujourd’hui, le temps de la réflexion (même s’il se poursuit) fait place à celui de la concrétisation. Cent quarante-et-un programmes immobiliers dans le tertiaire sont engagés dans la démarche de labellisation R2S (soit près de 2,5 millions de m²), et une cinquantaine de réalisations ont obtenu ces dernières années le label R2S, désormais reconnu dans le secteur. Une dizaine de programmes exemplaires ont même décroché trois étoiles, preuve d’une démarche rigoureuse de digitalisation au service des occupants. « Le Campus On Dijon, l’immeuble Origine d’Icade et le bâtiment Corner d’Allianz sont ainsi, à mon sens, les réalisations les plus complètes en matière de connectivité et d’usage, conclut Alain Kergoat. La valeur du numérique dans le bâtiment se révèle, avec des résultats probants et des enseignements sur les bénéfices possibles. C’est ce que la filière attend depuis longtemps pour passer à l’étape de massification. Cela ne signifie pas que la SBA va se reposer sur ses lauriers. Elle va poursuivre son travail fédérateur. Il y a aujourd’hui urgence à réaliser cette transformation de l’immobilier par le numérique. Il y a 10 ans, je suis passé du numérique au bâtiment. Les acteurs du secteur peuvent bien faire le mouvement inverse. C’est le moment ! »

 

 

 

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